Rentrer ou rester, l’Australie en accéléré (17 mars – 3 avril)

17 mars

Anne-Catherine nous dépose à l’aéroport d’Adelaide et en profite pour rendre la voiture de location. Elle devait décoller demain, son vol est annulé, elle en a un autre dans deux jours normalement, affaire à suivre…

Nous commençons par survoler le littoral autour d’Adelaide, avec de jolis hauts-fonds, puis très vite des lacs salés dans les terres, et enfin l’outback australien en direction d’Alice Springs. Nous comprenons pourquoi ce désert est appelé le centre rouge, la terre y est effectivement bien rouge, mais surtout plus accidentée que ce que nous imaginions, avec des nombreux canyons tout au long du vol.

A l’arrivée, nous sommes surpris de voir quelques personnes enfiler une moustiquaire sur leur tête, pour un effet des plus seyants ! Nous comprenons vite pourquoi, car dès que nous débarquons sur le tarmac, nous sommes assaillis par les mouches, et par la chaleur : 32 degrés à l’ombre, 40 au soleil.

Après avoir récupéré notre grosse voiture, nous partons prendre possession de notre bungalow au camping, puis direction la piscine et son toboggan géant sur deux étages ! Les filles s’en donnent à cœur joie, pendant que nous observons, un peu dubitatifs, quelques touristes bronzer en bikini et… moustiquaires sur la tête !

Alors qu’en France, les gens entament leur confinement, nous nous demandons à quoi va ressembler la fin du voyage. Nous savons déjà qu’il va falloir bouleverser de manière importante nos plans. En effet, la Nouvelle Calédonie, qui n’a encore aucun cas de Covid, annule la majorité de ses vols et impose une quarantaine à l’arrivée. Ne pouvant plus y aller, on hésite entre rentrer plus tôt ou prolonger notre aventure australienne…

18 mars

Après des vacances scolaires lors de la visite de leur grand-mère, les filles recommencent l’école à la maison. Elles profitent à nouveau de la piscine et nous nous baladons dans l’immense camping presque vide. Dans l’après-midi, nous essayons de nous motiver pour aller faire un tour dans la ville d’Alice Springs malgré la chaleur.

Nous commençons par aller voir le point de vue d’Anzac Hill, qui comprend un mémorial pour tous les soldats morts au combat lors des différentes guerres du siècle passé, et une vue sur la ville et le désert.

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Bon, ça ne nous laissera pas un souvenir impérissable… Alors nous allons dans le centre-ville voir quelques galeries d’art aborigène. Cette forme d’art, un peu naïf et en tout cas souvent très coloré, plait aux filles. Nous ne savons pas vraiment quoi penser de la situation des aborigènes. Ils sont nombreux dans la région et nous en croisons beaucoup, mais tous ont l’air en décalage. Souvent pieds nus et négligés, parfois ivres, ils semblent vivre dans un monde parallèle. Dans les galeries, leurs toiles se vendent cher, mais les gérants sont systématiquement des blancs. Certaines galeries proposent habituellement d’observer quelques artistes au travail, mais par précaution sanitaire ce n’est plus le cas car les aborigènes sont très fragiles face aux virus. Nous discutons avec un galériste de la suite de notre périple. Quand nous lui disons que nous souffrons un peu de la chaleur, il rigole car il fait 15 degrés de moins que pendant l’été. En revanche, il rejoint notre avis sur les mouches omniprésentes, et nous avertit que plus nous allons nous rapprocher d’Uluru plus ce sera le cas ! Il nous conseille fortement d’investir dans des moustiquaires. Nous n’hésitons pas longtemps et dix minutes après, nous sommes équipés !

19 mars

Ce matin, nous prenons la route en direction de Kings Canyon. Nous ne croisons pas une seule voiture et profitons du paysage sur une piste en très bon état. Après deux heures de route, nous arrivons à Glen Helen, d’où part la portion la plus belle et la plus cabossée de la piste. Et nous apprenons qu’elle est actuellement fermée, depuis plusieurs mois et comme la moitié de l’année, car des inondations l’ont rendue impraticable ! Il nous semblait bien avoir vu un panneau rouge en quittant Alice Springs, on aurait mieux fait de le lire…

Tout le monde prend la nouvelle avec philosophie et nous reprenons donc la route en sens inverse. Nous pique-niquons dans la voiture (pour éviter… les mouches !) et Guillaume fait même une petite pause pour aller observer des cratères de météorites !

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En fin d’après-midi, nous arrivons donc au Kings Canyon Resort. Malgré le nom qui en jette, l’ensemble est sommaire : une chambre pour nous cinq, avec sanitaires communs. Nous dînons rapidement au restau du coin, que nous rejoignons après une courte marche dans la nuit noire et sous un ciel étoilé magnifique.

Dès que nous croisons des français, nous nous enquerrons de leur situation. Grosso-modo, tout le monde est dans la même incertitude que nous… Que faut-il faire : rester, partir ? Que vont devenir les vols retours des uns et des autres ? En tout cas, même si nous hésitons entre un confinement australien et un confinement français, nous savons qu’il est inenvisageable de rester bloqués ici, en plein centre australien : trop de mouches, trop de chaleur, pas grand-chose à faire…

20 mars

Aujourd’hui le lever est très matinal car nous avons prévu une balade au Kings Canyon, et celui-ci ferme ses portes à 9h pour éviter les grosses chaleurs. Nous optons pour la solution de facilité : la balade dans le canyon à proprement parler, et donc encore à l’ombre à cette heure. En effet, la balade par la falaise commence par une montée bien raide et se fait en sens unique, donc pas de retour possible en moins de quatre heures. D’en bas, la promenade est agréable mais pas exceptionnelle. En moins d’une demi-heure nous sommes déjà arrivés au bout. J’y reste avec Rosalie et Olivia pendant que Camille et Guillaume vont s’attaquer à l’ascension du versant sud. Entre recherches des panneaux et films explicatifs, et discussions avec les rares touristes (toujours français), ils nous rejoignent et nous repartons vers l’hôtel où la journée se poursuit entre l’école et la piscine.

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21 mars

Ce matin, nous quittons Alice Springs et avons une grosse portion de route jusqu’à Yulara, la ville touristique qui a poussé près du rocher sacré d’Uluru. Un peu frustrés par le fameux Kings Canyon, nous faisons une halte pour voir les Kathleen Springs un peu plus loin. Nous traversons d’abord une prairie désertique sous une chaleur étouffante. Il y reste quelques vestiges des tribus aborigènes qui vivaient ici il y a encore peu de temps : mortiers creusés à même les rochers, sculptures, clôtures pour les troupeaux.

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Nous atteignons finalement un point d’eau sacré, assez improbable dans une telle fournaise. Après même pas une heure de marche, nous sommes contents de retrouver la voiture. Dans ces conditions, nos qualités de randonneurs acquises tout au long du voyage sont mises à rude épreuve !

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En repartant, je me demande ce que nous faisons là. Etant donné le surcoût de ce détour dans le centre rouge, nous avions hésité à y aller et c’est moi qui avais insisté devant la plupart des commentaires reçus ou lus. Pour l’instant, nous n’avons trouvé aucun intérêt à la ville d’Alice Springs et un intérêt très limité à Kings Canyon. Les filles sont habituées à bouger et à vivre au jour le jour, elles ne se plaignent donc pas, quant à Guillaume, il a la délicatesse de ne pas en rajouter.

Pourvu que Uluru vaille le coup…

Nous suivons la situation australienne et internationale quotidiennement. Les frontières ferment les unes après les autres, les vols internationaux sont de moins en moins nombreux. Nous n’avons pas encore pris de décision pour la suite, nous espérons pouvoir terminer notre tour dans le coin et aviser une fois sur la côte est. La situation est très inconfortable et sur les Whatsapp, les voyageurs se déchaînent…

22 mars

Nous sommes arrivés la veille dans un camping agréable à Yulara, ville assez particulière, qui n’a qu’une route circulaire le long de laquelle ont poussé les différentes infrastructures touristiques. Nous avons un bungalow avec deux chambres et une cuisine, sans salle de bain.

Ce matin, nous nous levons à nouveau très tôt (5h15 pour nous, 5h30 pour les filles) pour aller admirer le lever de soleil sur Uluru. Ce rocher sacré, emblème de l’Australie, se repère de loin dans cette étendue plate et ne laisse personne indifférent. Clairement, il nous aura réconciliés avec le centre rouge (mais pas encore avec les mouches, on n’en est pas là…). Nous allons admirer le lever de soleil à un des points de vue recommandés et, malgré la situation internationale, nous ne sommes pas les seuls ! En fait, on préfère tout simplement tourner le dos au soleil pour admirer Uluru et ses couleurs changeantes au gré des minutes.

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Nous allons ensuite nous balader autour de la roche géante. Pour la petite histoire, Uluru, aussi appelé Ayers Rock, est un monolithe géant, enfoncé de plusieurs kilomètres sous la terre. Sa partie émergée dépasse de 348 mètres le niveau du sol. C’est un lieu sacré pour les aborigènes qui ont obtenu l’interdiction de son ascension en 2019. Long de 2,5 km, il comprend une source, de nombreuses grottes, des cascades éphémères qui ont sculpté la roche… C’est l’occasion pour nous, grâce à tous les panneaux explicatifs, d’en apprendre un peu plus sur la culture et les coutumes aborigènes.

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Nous reprenons ensuite la voiture pour aller 25km plus loin voir les monts Olga, aussi appelés Kata Tjuta. Il s’agit d’un ensemble de 36 dômes ressemblant à Uluru en plus découpés et avec moins de touristes. Nous y sommes pour ainsi dire seuls au monde, et entamons une jolie balade dans la vallée des vents. Entourés de falaises de part et d’autre, nous marchons partiellement à l’ombre et momentanément épargnés par les mouches !

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Nous rentrons à notre camping où il n’est pas si tard. Je réserve pour après le déjeuner une initiation à la cuisine aborigène au musée du coin. Après une présentation des différents ingrédients (baies et herbes principalement), nous découvrons et goûtons une recette de sablés. La recette est validée ! Néanmoins, je me demande comment faisaient les aborigènes pour nourrir leurs familles avec ces quelques fruits…

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Puis nous faisons un tour dans le musée où de nombreux animaux sont empaillés. Malgré le climat rude et la végétation rare, le bush constitue l’habitat de nombreuses espèces : le kangourou roux bien sûr, mais aussi des serpents, insectes, rongeurs, iguanes…

Le soir, nous allons admirer le coucher de soleil sur Uluru et contemplons sa célèbre teinte rougeâtre. Le spectacle est magnifique mais ne dure pas longtemps, nous sommes arrivés juste à temps !

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Quand nous nous retournons, et avant de voir le soleil disparaître à l’horizon, nous admirons les teintes vives des monts Olga et décidons d’y aller pour faire durer le plaisir. Finalement le soleil aura été plus rapide que nous, pas de photo pour immortaliser ça, mais un spectacle époustouflant tout au long de la route.

Ce soir, après une journée bien remplie, il est temps de faire le point.
Finalement, après des jours d’interrogation, notre décision est prise : nous rentrons ! Cela nous semble plus sage au vu de la situation. Les destinations suivantes étant déjà annulées, à quoi bon prendre le risque de rester coincés 3 ou même 5 mois ici ? Un instant une autre question s’était posée : et si Guillaume rentrait seul en France, où il pourrait recommencer à travailler, et que je restais ici avec les filles ? Je ne suis pas très motivée : gérer seule l’école et l’intendance sans perspective de visite ou de balade, sans possibilité de solariser les files ici vu que les écoles ferment les unes après les autres, tout ça me semble peu réjouissant… Sans compter l’avis des filles qui s’y opposent fortement, pas question de quitter leur père !

Guillaume nous trouve donc un vol sur la Thaï : nous partons le 29, dans seulement une semaine ! Nous arriverons donc le 30 à Paris. Notre maison ne sera pas libérée et nous logerons dans l’appartement de mes parents. Il faut encore convaincre maman de libérer les lieux avant, nous ne voulons pas la croiser dans le cas éventuel où nous attrapons le virus dans tous les déplacements qui nous attendent cette semaine. Elle accepte finalement de partir rejoindre papa en Normandie avec ma grand-mère juste avant notre arrivée.

De notre côté, nous n’avons plus qu’une semaine pour profiter de l’Australie ! Elle s’annonce bien chargée… Guillaume parvient à changer la croisière que nous devions faire aux Whitsundays Islands. Tant pis pour le voilier pendant deux jours, ça sera un plus gros bateau sur une seule journée, mais nous ne voulons pas manquer ça. Pendant ce temps, je me renseigne : et si le baptême de plongée que Camille devait faire en Nouvelle Calédonie pour ses onze ans se transformait en survol de la grande barrière de corail ?

23 mars

Ce matin, nous quittons le centre australien, avec qui la dernière étape nous aura finalement réconciliés. Nous avons un vol pour Cairns en milieu de matinée, avec une escale à Brisbane. Arrivés à l’aéroport d’Ayers Rock, nous apprenons que notre vol est annulé.

Jusqu’ici rien de grave, nous sommes réenregistrés sur le vol suivant, direct et qui arrive donc plus tôt, tout cela moyennant une compensation financière ! Nous pouvons reprendre la voiture de location que nous venions de rendre et même réintégrer notre bungalow pour deux heures, le temps de déjeuner.

Nous en profitons pour aller visiter la ferme aux dromadaires que nous n’avions pas eu le temps de voir la veille. C’est assez dépaysant, on se croirait en Afrique du nord ! Même si nous ne faisons pas de balade, nous nous promenons le long des enclos, sous le chant des cacatoès. Ça aurait été dommage de ne pas arborer une dernière fois nos magnifiques moustiquaires !


Malheureusement, comme en ce moment un changement n’arrive jamais seul, la journée sera riche en bouleversements.

1. La Thai Airways a durci ses conditions d’accès à ses avions. Si nous voulons embarquer, il nous faudra présenter un certificat médical stipulant que nous ne présentons aucun symptôme grippal. Même s’il n’aura aucune valeur, Guillaume arrive à nous réserver cinq rendez-vous médicaux à Airlie Beach, d’où part notre croisière deux jours plus tard.

Après un vol pratiquement vide, nous rejoignons notre motel à Cairns, où nous attendent encore deux nouvelles successives.

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2. Notre croisière est finalement annulée, l’agence fermant ses portes jusqu’à nouvel ordre. Il nous faut donc trouver d’autres rendez-vous de médecin ici, car nous n’avons plus aucune raison d’aller 200km plus au sud à Airlie Beach.

3. Finalement, ce problème sera vite réglé : il ne nous faut plus des certificats médicaux, mais un test négatif au Covid. Ce qui est impossible à faire ici : pas de symptôme, pas de test.

4. Pour clôturer cette journée en beauté, on apprend que les frontières internes entre les différents Etats australiens fermeront demain soir, le 24…

Nous décidons donc de rentrer dès demain à Sydney. Nous serons peut-être plus chanceux auprès des grands hôpitaux pour nous faire tester, et dans tous les cas, nous préférons suivre les recommandations de l’Ambassade et nous tenir à proximité de Sydney dans l’hypothèse où la situation viendrait à se compliquer encore un peu. Cela nous laisse une vingtaine d’heures à Cairns. A l’origine, nous avions prévu de descendre tranquillement la côte jusqu’à Brisbane, en alternant voiture, train ou bus.

24 mars

Des voyageurs croisés en Nouvelle Zélande nous avaient conseillé une visite à la Crocodile Adventure Farm. Ici les crocodiles marins et terrestres sont nombreux et on peut soit les observer dans une réserve, soit tenter sa chance avec un guide en bateau dans les marais. Eux avaient opté pour la deuxième option, plus authentique, mais du coup n’en avaient pas vus. Nous optons donc pour la solution de facilité. Au téléphone, on nous indique qu’ils sont encore ouverts aujourd’hui, sans savoir jusqu’à quand.

Nous passons donc à l’aéroport pour louer une voiture pour la journée, et nous voici pour une courte route le long de la côte. Il fait plutôt chaud mais surtout très humide et la végétation est luxuriante, ça change de l’outback où nous étions encore hier ! J’explique aux filles qu’au large se trouve la grande barrière où on peut observer de magnifiques coraux. Réaction d’Olivia : …navirus ?

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Dans la réserve, outre les enclos des koalas, serpents, kangourous, nous naviguons sur un marigot au beau milieu de sacrés spécimens de crocodiles marins. Dans la nature ils peuvent mesurer jusqu’à 6 mètres et peser jusqu’à une tonne. Ici, le plus gros mâle mesure 4 mètres et ne pèse « pas plus » de 350 kg. Les soigneurs leur proposent des bouts de viande ou de poisson au bout d’une longue perche, ils se dressent alors complètement pour tenter de l’attraper et le claquement de leur mâchoire fait un bruit assourdissant.

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En liberté, les crocodiles ne se nourrissent pas plus d’une fois par semaine, alors les soigneurs s’arrangent pour qu’ils n’arrivent pas souvent à leurs fins. Puis nous assistons au repas d’autres crocodiles, pendant lequel on apprend beaucoup sur les différences entre les deux principales espèces qu’on trouve dans la région. Tous les crocodiles de la réserve ont été amenés par la police à la suite d’attaques sur des chiens, voire des pêcheurs, au lieu d’être tués comme c’était le cas auparavant. Les attaques de baigneurs restent en revanche très rares. Un crocodile est même là de son plein gré. Probablement attiré par les repas « faciles » et les nombreuses femelles, il a fait le pied de grue à l’entrée jusqu’à son ce que le personnel l’accueille.

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Suite à un claquement de mâchoire d’un crocodile terrestre, Rosalie trouve une de ses dents par terre : elle est très fière de son trophée !

Nous sommes ravis de cette visite et devons quitter ce lieu étonnant pour aller rendre la voiture et prendre notre avion pour Sydney. Nous apprenons que la fermeture est actée pour le soir-même, les employés ont l’air complètement dépités.

A peine 24h après avoir atterri, nous décollons à nouveau, et arrivons de nuit dans un charmant Airbnb, réservé pour l’instant pour quelques jours, on verra bien ! La nouvelle du soir, et pas des moindres, est que notre vol Thaï est annulé à la suite de la fermeture de l’aéroport de Bangkok, avec une promesse de remboursement dans les semaines à venir. En tout cas, ça règle le problème de notre test Covid.

Quant à nos amis les 6Gone, ils prennent un avion aujourd’hui, avec la Thaï dont c’est le dernier vol. Ils ont réussi à se faire tester mais n’ont pas reçu leurs résultats. Finalement, l’ambassade ayant œuvré en coulisse, les français seront acceptés sur ce vol. Les nouvelles de nos autres amis voyageurs sont moins réjouissantes. Ceux qui sont en Amérique du sud avec leur véhicule ont du mal à circuler et à s’approvisionner. Ils sont considérés comme une menace et donc – au mieux – mal accueillis partout, même par la police. Comme nous, ils ne trouvent pas de vols retours, et le stockage, ou pire, la revente de leur véhicule, sont compliqués.

25 mars

Aujourd’hui, nous profitons de notre maison. Après l’école, les filles s’occupent avec les jeux trouvés ici et Camille construit un plateau pour le Monopoly qui en manquait. Entre la pluie et les mesures sanitaires, nous ne sortons pas.

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Sans vol de retour, nous nous reposons la question de nous confiner ici. Dans cette perspective, Guillaume loue un autre Airbnb à la campagne, où les filles auront plus d’espace et où nous partirons dans deux jours.

26 mars

Après l’école, nous allons prendre l’air dans un parc qu’on nous a recommandé. L’ambiance est assez particulière, il y a très peu de monde dans la rue, les magasins et restaurants sont fermés, nous ne croisons pas le moindre enfant.

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Le soir, nous tentons à nouveau de réserver un vol de retour. Les informations qui circulent continuent à dire que les vols sur Qatar devraient être assurés jusqu’au 15, mais qu’après il risque de ne plus y en avoir jusqu’à l’été. Nous réservons donc un vol pour le 10 avril. Plus tôt, ils sont inabordables, plus tard, nous craignons qu’ils ne soient plus assurés. Chat échaudé craint l’eau froide ! Petit détail qui aura son importance : après avoir bloqué une première carte bleue en Bolivie, et atteint nos plafonds du fait de nos récentes acquisitions de vols secs, ma belle-mère nous avance le montant de ce dernier billet, que nous payons donc en utilisant ses références de carte bancaire.
Confiants, nous nous préparons à passer 8 jours à la campagne, avant notre vol qui arrive le jour de Pâques à Paris, après deux escales.

27 mars

Nous profitons de notre dernière journée à Sydney et du retour d’un timide soleil pour enfin aller voir le fameux opéra. Nous prenons le métro, qui est déjà quasi-vide alors que le confinement n’est pas encore prononcé ici.

Nous nous promenons sur les quais, dans le quartier des Rocks, traversons Harbour Bridge. L’ambiance est à nouveau assez étrange avec tous les lieux fermés et personne dans les rues. Néanmoins, nous sommes vraiment contents de cette belle balade, en particulier Rosalie qui s’imagine déjà revenir ici pour assister à un ballet.

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28 mars

Aujourd’hui, nous quittons notre Airbnb et prenons le train de banlieue jusqu’au terminus pour aller dans une ferme située dans le village d’Austral, à une quarantaine de km de Sydney.

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Gentiment, le propriétaire vient nous chercher à la gare. Il est extrêmement gentil mais nous annonce tout de suite qu’ils jouent la carte de la sécurité et que ses six enfants ne sortent plus du tout de chez eux. Nous comprenons que les filles ne pourront donc pas sympathiser avec eux. Néanmoins, commencent quelques jours idylliques pour elles. La maison regorge d’activités : puzzles, jeux de société, salle de sport avec billard et jeu de palet (air hockey), trampoline géant et surtout animaux en quasi-liberté : des lamas et des autruches (pas très local tout ça), des poneys shetlands, des moutons, des chèvres, des émeus… Nous les nourrissons de nos épluchures, avec une pensée émue pour nos lombrics en pension chez des amis à Asnières, et nous amusons à asticoter les autruches. Le mâle doit mesurer 2m50, et comme il est derrière un grillage, nous nous amusons bien à le voir secouer ses ailes. Il ne pousse pas de cris, mais un souffle rauque.

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29 mars

La vie confinée suit son cours.
Petit stress en lisant les news de voyageurs en transit. Il semblerait que Doha, dernier hub encore ouvert et où notre avion fera escale, ferme son aéroport dans 3 jours, comme c’est déjà le cas à Dubaï et Abu Dhabi. Sans escale possible, nous ne pourrons pas partir… Nous écrivons donc à l’ambassade pour avoir leur avis.

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30 mars

L’ambassade nous confirme que les vols sont assurés jusqu’au 15.
Mais nous avons d’autres raisons de nous inquiéter. Qatar nous demande des justificatifs de paiement car nous n’avons pas payé avec notre propre CB. Parallèlement, nous lisons pas mal de témoignages de voyageurs n’ayant pas pu embarquer pour la même raison. Pour qu’ils nous laissent embarquer, nous devons soit présenter la carte bleue à l’aéroport, soit nous rendre dans une agence Qatar. Or nous sommes en plein campagne et surtout les agences sont fermées en ce moment.
Le doute s’installe : alors que nous avons enfin un vol qui semble fiable, pourrons-nous au moins embarquer ?

1er avril

L’ambassade nous propose un vol de rapatriement ! En tant que famille avec enfants, nous sommes prioritaires, au même titre que tous les jeunes en PVT (permis vacances travail) et les personnels soignants.
Il s’agit des places libres sur le vol quotidien Qatar qui part le lendemain ! A cette date, les prix étaient encore très élevés, donc peu de gens avaient réservé initialement. Face à la situation compliquée de notre vol du 10, et au regard du tarif raisonnable, nous décidons d’accepter l’offre et préparons donc les bagages pour quitter le pays dès le lendemain. On règlera le problème avec Qatar en France. Tout est allé très vite, pas le temps de se poser des questions ou de laisser la nostalgie s’installer.

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Nous voici à l’aéroport. Deux files pour le même avion : ceux qui avaient pris leur billet par les voies ordinaires, parfois à prix d’or, et nous, tous les rapatriés qui devrons rembourser le Trésor Public avant l’été, au tarif normal. L’attente est longue, nous passons enfin l’enregistrement et pouvons aller dîner ! Par terre, car toutes les tables sont condamnées…

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Le vol se passe bien, les films aident à faire passer les 23h de voyage. L’escale à Doha se résume à un arrêt technique, impossible de sortir ! Dans l’avion, uniquement des jeunes et trois autres familles de voyageurs dont nous faisons connaissance au tapis à bagages. Eux venaient de commencer, ils sont bien déçus et cela nous permet si besoin était de relativiser encore un peu plus…

3 avril

Arrivée à Paris ! L’aéroport est vide, les taxis attendent désespérément des clients. Pour nous prendre en charge à 8h45, le nôtre a dû arriver à CDG à 2h du matin. Nous arrivons chez les parents dont le voisin nous confie la clé. Commencent pour nous 8 jours de confinement parisien, avant de pouvoir réintégrer notre chère maison pour fêter Pâques. Tout est bien qui finit bien, nous allons digérer tout ça avant de vous livrer – au moins de vive voix – nos impressions finales et le bilan de cette merveilleuse aventure.

Pour la petite histoire, nous sommes parvenus à amener Qatar à annuler nos vols du 10 au motif que les documents produits pour justifier de l’origine des fonds ayant servi à payer les billets n’étaient pas suffisants. Parfait, cela nous a permis de nous faire rembourser rapidement. Malgré de nombreuses péripéties, notre bonne étoile nous aura accompagnés jusqu’au bout !

Avec un peu de recul, nous avons tous les deux été particulièrement impressionnés par la souplesse et l’adaptabilité de nos filles pendant ces quelques jours. Face aux changements de programme incessants, et avec nécessairement un peu de stress bien que nous n’ayons jamais été particulièrement inquiets, elles ont su se montrer à la hauteur, raisonnables et responsables. Espérons que ces qualités récemment acquises, ou renforcées, ne s’évaporent pas trop vite à la faveur du retour en France.

Ou alors c’est qu’il sera temps de repartir…

2 commentaires sur “Rentrer ou rester, l’Australie en accéléré (17 mars – 3 avril)

  1. Voyage mémorable et fin non programmée: qui aurait imaginé cette dernière partie de 20.000 lieues sur la Terre!!!!

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  2. quel voyage ! voir les aborigènes est un peu triste mais certains ont fait Harvard alors que leurs parents mangeaient des chenilles. Quid de 6 siècles de civilisation? l’inné et l’acquis ?
    Louis

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