Après avoir laissé les filles à la gare routière de Cordoba le jeudi 16 au soir, je prends donc la route pour Asuncion, à 1400 km de là.
Nous avons rendez-vous lundi matin avec Erland, l’acquéreur paraguayen (ménnonite) du camping car, et j’ai besoin d’un peu de temps pour finaliser une ou deux réparations que je n’ai pas pu faire tout seul, et nettoyer l’extérieur du camping car.
Erland était entré en contact avec nous lorsque nous avions posté une annonce de mise en vente, vers la fin du mois de septembre et il avait roulé 400 km pour venir le visiter lors de notre passage au Paraguay. Depuis lors nous sommes restés en contact et nous nous sommes finalement mis d’accord lorsque nous étions à Mendoza. Si cela n’avait pas fonctionné nous aurions dû aller à Santiago pour le vendre.
Vendre le camping-car à un Paraguayen n’est pas évident car pour le faire immatriculer au Paraguay, il devra payer 42% d’impôts sur la valeur du véhicule… telle que fixée par l’administration. Comme nous vendons le véhicule intégralement équipé nous convenons donc de prévoir un prix de cession pour le véhicule nu et un pour tous les équipements et le matériel. De quoi lui donner quelques arguments pour essayer de faire baisser la facture !
Je connais près de la moitié de la route qui m’attend car nous l’avions empruntée lors de notre premier passage au Paraguay en arrivant de Salta. La route est bonne mais c’est aussi dans cette fameuse région du Chaco que les policiers corrompus sévissent le plus, nous en avions fait l’expérience.
A Asuncion, j’irai me garer dans le jardin des Tiliky. Nous avions rencontré par hasard Aurélien, Yvette et leurs trois enfants lors de notre passage à Asuncion. Installés depuis quelques mois au Paraguay à l’issue de leur propre voyage en van, ils se sont lancés dans une activité de location de véhicules aménagés tout en proposant un ensemble de services à la carte au gré des envies et des besoins de chacun.
Idéalement, j’aimerais faire la route en 2 jours de façon à arriver samedi soir et à profiter de la journée de dimanche pour finaliser le nettoyage et la préparation du véhicule.
Je quitte donc Cordoba à la nuit tombée et rejoins la route de Santa Fe.
Je n’ai pas prévu de beaucoup rouler ce premier soir, j’aimerais juste m’éloigner un peu de l’agglomération pour passer la nuit au calme. Ce sera finalement dans une bonne vieille station service, à 150 km de Cordoba.
Au réveil, alors que je prends un café au soleil, j’aperçois une équipe de télé locale venue interviewer les vacanciers dans la station-service. Ils lorgnent sur le camping-car. Je sens que je ne vais pas y couper. Effectivement dès que je me dirige vers le véhicule pour repartir, la journaliste me demande si elle peut me poser des questions sur le voyage. Je me prête au jeu après lui avoir demandé de ne pas parler trop vite, et reprends rapidement la route pour ma première vraie journée.
Les kilomètres défilent jusqu’au soir.
A l’approche de Reconquista, alors que la nuit vient de tomber j’aperçois un contrôle de police. Dans cette région, avec ce véhicule, avec des plaques étrangères, et à cette heure-ci, la probabilité que je me fasse arrêter est proche de 100%. Pas de surprise donc lorsque le policier me fait signe de me garer. Ce que je n’avais pas imaginé en revanche, c’est à quel point le fait d’être seul dans ce véhicule pourrait leur paraître suspect. Après une fouille digne du pire douanier chilien, je sens qu’ils cherchent absolument quelque chose à se mettre sous la dent. Tout y passe, l’extincteur, le triangle, les gilets, les lumières, les bandes réfléchissantes, etc. A force de chercher, ils finissent par trouver néanmoins. Le responsable me montre un texte qui dispose que rien ne doit dépasser du pare-chocs. Il me montre alors fièrement le porte vélos qui, même plié dépasse d’une quinzaine de cm. Si je ne veux pas payer l’amende il faut que je le démonte (si si). Après une longue discussion et probablement un peu lassés, ils finissent par me laisser partir. Cette petite plaisanterie aura quand même duré une bonne heure.
Je décide de passer la ville pour ne pas risquer de retomber sur eux le lendemain et m’arrête pour la nuit dans une station-service quelques kilomètres plus loin.
Le samedi, je reprends la route de bonne heure et parviens à atteindre la frontière vers 17h30. Le temps d’effectuer les formalités et de rouler la trentaine de km qui séparent Asuncion de la frontière, je sonne chez les Tiliky vers 19h30.
Yvette est chez elle avec ses deux aînés. Il fait une chaleur écrasante, la météo indique 38 à l’ombre, autant dire que la nuit dans le camping-car qui a passé la journée en plein soleil n’est pas très bonne.
Le dimanche, après avoir cherché en vain un lavadero ouvert je me décide finalement à laver l’extérieur moi-même. 2h30 plus tard, il est comme neuf ou en tout cas tout à fait présentable !
Erland me confirme le rdv pour le lendemain, il sera là vers 8h.
Vers 7h25 le lundi, je reçois un message qui me confirme son arrivée prochaine à… l’aéroport d’Asuncion, photo à l’appui. Il a pris son avion pour venir…
Il possède deux petits avions dont il se sert dans le Chaco pour aller dans les différents ranchs qu’il gère.
De mon côté, j’ai un vol le mardi soir pour Buenos Aires. Par sécurité j’ai préféré prévoir deux jours pour gérer la partie administrative, avant de rejoindre les filles.
Après avoir retrouvé Erland, nous passons la journée à avancer sur les papiers. Nous apprenons l’un comme l’autre qu’étant donné l’âge du véhicule, il ne peut pas l’importer directement, nous sommes donc obligés de faire appel à un importateur intermédiaire. Je sens que mes deux jours ne seront pas de trop…
La confiance va être un élément essentiel de cette vente. Des deux côtés d’ailleurs ! Je vends à une importatrice qu’un broker (ndlr : quelqu’un qui s’y retrouve dans les formalités et connaît les bonnes personnes pour faire aboutir les dossiers) nous a présentée et je quitterai le pays avant que l’ordre de virement ait pu être passé.
De son côté, Erland doit déposer un chèque de caution pour garantir le virement auprès de l’importatrice, et achète ce véhicule sans aucune notion de contrôle technique.
Finalement, après deux rendez-vous chez le notaire pour établir les contrats, les choses semblent se décanter. Il nous reste deux-trois papiers à finaliser le mardi matin, mais en fin de matinée tout est réglé.
J’ai prévenu ma banque de l’arrivée d’un virement en provenance du Paraguay, histoire que les fonds ne repartent pas aussi vite…
Après avoir remercié Yvette pour son excellent accueil et avant de reprendre nos avions respectifs avec Erland, nous partons déposer le camping-car dans un parking à l’abri, le temps d’obtenir des plaques paraguayennes en bonne et due forme.
Voilà ! C’est fait. Même en guaranis, c’est quand même une expérience que d’effectuer une vente à 9 chiffres !!
J’espère qu’Erland en prendra soin.
En route pour Buenos Aires pour 48h avant de quitter l’Amérique du Sud !
Nous aurons eu de la chance in fine que les choses fonctionnent bien avec Erland et que les calendriers soient compatibles, d’autant qu’il y a énormément de véhicules aménagés en vente en Amérique du Sud en ce moment et pour la saison à venir. Et puis sinon il est toujours possible de louer aux Tiliky ! A bon entendeur… !