Torres del Paine, Perito Moreno, El Chalten : merveilles de Patagonie (7 – 20 décembre)

Arrivés à Punta Arenas le 7 après deux heures de traversée, nous prenons la direction du centre pour faire quelques courses et trouver des pesos chiliens. Partout dans les rues du centre, les vitrines sont barricadées, en particulier les devantures des banques. Cela nous rappelle étrangement Paris ! Nous qui pensions que les mobilisations récentes avaient essentiellement eu lieu à Santiago et Valparaiso, ici aussi les rues portent encore les stigmates des manifestations.

Nous sommes en contact avec un intermédiaire dont les clients seraient intéressés par notre camping-car. Il nous laisse stationner dans son parking, un peu à l’abri du vent qui continue de souffler rageusement.

Le 8 décembre, nous allons visiter les répliques des bateaux de Magellan et de Darwin. Les filles réalisent à quel point les conditions de vie sur ces navires devaient être rudes. En particulier sur le navire de Magellan, le Nao Victoria, nettement plus petit – et incurvé ! – que celui emprunté 300 ans plus tard par Darwin en compagnie du capitaine Fitz Roy.

L’après-midi, les filles vont au cinéma pendant que je fais visiter le camping-car au couple de chiliens susceptible de l’acheter. La suite de la Reine des Neiges vient de sortir ici. Même en espagnol, Olivia ne se le fait pas dire deux fois, et les deux grandes suivent volontiers le mouvement.

La visite se passe très bien mais entre la chute du cours du peso et la complexité logistique liée à la poursuite de notre voyage, la vente ne se fera pas.

Nous quittons donc Punta Arenas le 9 décembre pour remonter la « ruta del fin del mundo » vers le nord en direction des trois principaux points d’intérêt de cette partie de la Patagonie, à la frontière entre le Chili et l’Argentine : le parc national Torres del Paine du côté chilien, le Perito Moreno et le Fitz Roy, tous deux situés dans le parc national Los Glaciares, côté argentin.

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Nous roulons dans la soirée et passons la nuit dans une sorte de carrière, au calme et à l’abri du vent, à une vingtaine de km de Puerto Natales, dernière petite ville avant d’accéder au parc Torres del Paine.

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Une fois dans le parc national, il est possible d’y rester plusieurs jours. Nous faisons donc quelques provisions pour être autonomes en eau et en nourriture pendant trois à quatre jours, avant de prendre la direction du parc dont l’une des entrées se situe à une quarantaine de km de Puerto Natales.

L’utilisation de camping-cars ou de véhicules aménagés est très réglementée dans l’enceinte du parc. Il nous est possible de stationner pour la nuit dans cinq lieux bien précis. Le parc est très réputé pour ses randonnées, dont certaines nécessitent quatre à cinq jours de marche et attirent par conséquent de très nombreux voyageurs, touristes et randonneurs de tous horizons, en excursion ou en véhicule.

Après avoir découvert que l’un des deux campings qui accueillent les touristes ne demeurant pas dans leur véhicule est tenu par Sodexo, et avoir échangé rapidement avec le responsable du site, nous nous installons pour la nuit au bord d’un petit lac, non sans avoir retrouvé Aurélien et Isabelle que l’on ne cesse de recroiser, ainsi que les «Des boussoles et nous », que l’on voit également fréquemment.

À notre arrivée sur place, Aurélien et Isabelle nous apprennent qu’ils ont vu un puma au cours de leur randonnée, à quelques dizaines de mètres. Le puma ne s’attaque normalement pas à l’homme, mais il est fortement recommandé en revanche de ne pas laisser les enfants jouer seuls car leur petite taille et leur probable réflexe de fuite face à un puma en feraient d’excellentes proies. Nous sommes prévenus et l’on fait prendre conscience aux filles qu’il ne s’agit pas d’un jeu.

Un peu plus tard, alors que nous dînons dans le camping-car au bord du lac, un mouvement au pied du camping-car attire le regard de Camille. Sans réaliser de quoi il s’agit elle se demande à haute voix quel est cet animal qui avance lentement sur la berge, à trois mètres de la fenêtre. Margue jette un œil et s’exclame : un puma, c’est un puma !! Elle sort aussitôt – sans grande prudence… prudence – et immortalise notre visiteur inattendu qui s’arrête, puis la fixe avant de reprendre tranquillement son chemin.

Pour le voir, cliquez ici !

Après les témoignages des uns et des autres, nous espérions bien en apercevoir un lors de nos prochaines balades, mais là, aussi vite, aussi bien, et d’aussi près, c’était un moment unique, au-delà de nos espérances ! On saura néanmoins à quoi s’en tenir avec les filles dans les randos des jours à venir !

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Le lendemain nous retrouvons Véronique et Arnaud et leurs enfants (les 8 pieds sur Terre), que nous avions rencontrés à Ushuaïa et nous partons tous ensemble pour une marche autour du Lago Grey, à l’extrémité duquel se trouve le glacier du même nom.

Nous avons la chance de pouvoir observer de gros icebergs, à la dérive sur le lac après s’être détachés du glacier. Ils sont d’un bleu intense, limpide (un bleu glacier en fait !).

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Nous sommes tous d’autant plus impressionnés que l’on ne s’y attendait pas. Tout juste Margue avait-elle lu que des blocs de glace dérivaient fréquemment à la surface de l’eau.

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Après une dernière balade en fin de journée pour aller voir des nids de condors et admirer la vue, nous reprenons la route pour nous rapprocher du point de départ de l’une des randonnées les plus célèbres du parc la « base de Torres » prévue le lendemain matin en compagnie des 8 pieds sur terre.

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La rando s’étale sur 20 km avec pas mal de dénivelé. Hors de question pour nous d’emmener Olivia. Je pars donc avec Camille et Rosalie, pendant que Marguerite passe la journée avec Olivia.

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Nous atteignons le sommet après un peu moins de cinq heures de marche dans un cadre magnifique. La dernière heure est assez difficile, la pente est particulièrement raide et le sentier a laissé la place à de gros blocs de pierre qu’il nous faut contourner ou escalader pour progresser.DSC_0994

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Nous ne croisons pas d’enfants pendant la journée. Les filles sont très fières d’avoir réussi et je dois dire qu’elles m’ont impressionné tout au long de cette marche. Après une bonne pause au sommet nous entamons la descente et arrivons en fin de journée au camping-car, après 9 heures et demie de marche, où nous retrouvons Olivia et Margue, qui pendant ce temps-là avaient eu le temps de bien jouer, d’aller pique-niquer au pied de la montagne et d’observer un renard pas très sauvage.

Avant de quitter le parc le lendemain, nous prenons la direction du nord pour aller voir une cascade puis une lagune – la laguna azul – qui offre un beau point de vue sur les Torres.

DSC_1036Nous faisons la connaissance là-bas d’une famille en voyage « sac à dos » avec deux garçons de l’âge des filles. Coïncidence hallucinante, en discutant un peu, nous réalisons que la grand-mère des deux garçons qui passe quelques jours avec eux, a habité il y a cinquante ans dans la maison du frère de Marguerite à Issy Les Moulineaux.

Nous déjeunons au bord de la lagune, prenons le temps d’observer plusieurs condors, et reprenons la route en direction de la frontière afin de rejoindre El Calafate. Sur la route nous prenons deux stoppeuses espagnoles avec nous. L’une d’entre elles parle bien français et les deux passent la fin d’après-midi à jouer avec les filles ! Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas passé un trajet aussi calme !

Alors que nous espérions rejoindre El Calafate le soir même en coupant par une petite route, je reçois un message d’Aurélien et Isabelle qui nous précèdent et nous déconseillent formellement ce raccourci, eux-mêmes étant pourtant en 4×4. Cet avis nous est confirmé à la station service, ce qui nous conduit à faire un détour de 80 km et à dormir en route.

Nous proposons aux deux espagnoles de monter leur tente au pied du camping-car, au moins un peu à l’abri du vent, et de repartir ensemble le lendemain matin. En arrivant au spot que nous avions identifié pour passer la nuit, nous faisons la connaissance de deux argentins qui tous deux voyagent en solo à vélo. Nous dînons avec nos deux stoppeuses qui s’émerveillent devant le « luxe » qu’offre la vie en camping car !

Nous arrivons à El Calafate le 15 décembre au matin et quittons la ville en fin de journée après quelques courses et une lessive.

On se trouve parfois confronté en voyage à des situations ubuesques, à des réactions étranges, inattendues, difficilement compréhensibles. En voici une. Alors que je me rends au bureau de change pour retirer des pesos contre des euros, la fille au guichet m’annonce un taux de change particulièrement défavorable. Après lui avoir fait répéter, je la remercie et m’apprête à sortir. Elle me rappelle et me recommande très aimablement de me rendre dans le bar mitoyen dont la patronne s’est diversifiée dans le change et propose un taux beaucoup plus avantageux… Je ne cherche pas à comprendre et file changer mes euros.

Sur ces entrefaites, direction le Perito Moreno, à une soixantaine de km à l’ouest. Nous dormons en bordure de rivière à l’entrée du parc pour pouvoir y entrer tôt le lendemain.
Nous nous réveillons malheureusement sous la pluie. Après quelques hésitations et alors que le temps semble se dégager, nous décidons d’y aller. L’accalmie ne dure malheureusement pas longtemps et le temps que l’on atteigne le parking pour aller observer le glacier, la pluie a repris de plus belle. Nous décidons de faire un premier tour sur les passerelles et d’attendre ensuite que le temps soit plus clément pour y retourner.

Malgré la pluie la visibilité sur le glacier est bonne. On l’entend qui craque, qui gronde, qui avance. Contrairement à la plupart des glaciers de la région, le Perito Moreno avance en effet d’environ 2 mètres par jour ! Sans grossir pour autant puisque des pans entiers de glace se détachent chaque jour et tombent lourdement dans l’eau, avec fracas.

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L’épaisseur du glacier à son extrémité visible est de l’ordre de 40 mètres. C’est très impressionnant. Le site est bien aménagé avec un système de passerelles qui permet d’admirer de très près ce monstre de glace.

On se sent tout petit face à une telle expression de puissance brute. Le temps reste maussade toute la journée. Nous aurions évidemment préféré un beau ciel bleu, ne serait-ce que pour vous faire partager de meilleures photos, mais peu importe, le spectacle est grandiose.

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Nous quittons le parc en fin de journée et retrouvons notre spot en bordure de rivière, non sans avoir vérifié que les pluies de la journée ne risquaient pas de la faire sortir de son lit !

Le 16 décembre, avant de prendre la route pour le Fitz Roy, nous passons quelques heures en début d’après-midi à visiter le musée de la glace à El Calafate, qui regorge d’informations bien présentées sur les glaciers. Nous prenons enfin la route en fin de journée pour El Chalten, petit village au pied du Fitz Roy, à 200 km environ. Comme cela nous arrive parfois, on s’arrête pour dîner et coucher les filles avant de reprendre le volant pour quelques heures, en profitant des 18 heures de jour quotidiennes. Comme le laissent entendre les panneaux dans la région, la route est assez éprouvante à cause du vent mais nous finissons par trouver un parking à une vingtaine de km avant El Chalten pour passer la nuit relativement à l’abri du vent.

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El Chalten est un gros village où se croisent des randonneurs du monde entier. Un grand terrain est mis à disposition des nombreux véhicules aménagés arrivés jusque là. Nous passons quatre jours sur place, rythmés par des randonnées quotidiennes, des rencontres et des retrouvailles.

Au même titre que le Perito Moreno ou Torres del Paine, El Chalten figure parmi les incontournables et l’on retrouve ici de nombreux voyageurs déjà croisés sur les routes ici ou là. Galvanisées par leur première grande marche au Chili la semaine précédente, les deux grandes sont motivées pour une nouvelle randonnée de 20 km, pour se rendre au pied du Fitz Roy (la laguna de Los Tres).

Nous partons donc avec deux familles françaises déjà croisées plusieurs fois pour cette journée de marche. Cette fois, Olivia est de la partie. Je m’arrêterai avec elle en route pendant que Marguerite continuera avec les 2 grandes et le reste du groupe.

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Mine de rien, Olivia aura marché 10 km ! Elle est très fière d’avoir tenu jusqu’au bout.
Pendant ce temps, le reste du groupe a traversé la forêt, longé une rivière, toujours en guettant le moment où le sommet du Fitz Roy ne sera pas caché par les nuages, pour finalement escalader les flancs de la montagne, dont le dernier kilomètre est très raide.

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IMG_6356Là-haut, la vue sur le Fitz Roy, qui se détache au-dessus d’un lac aux eaux bleues, est époustouflante ! Ici l’eau est potable, les filles ne se le font pas dire deux fois et commencent à laper l’eau du lac !

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Après la traditionnelle séance de photos, il est temps de repartir car il se met à neiger… Nous redescendons par un autre versant, ce qui nous permet de profiter de nouveaux points de vue. En chemin, nous rencontrons encore une autre famille française. Les 3 filles sont bien fatiguées le soir et elles ne demandent pas leur reste !

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Le 20 décembre, alors que l’on s’apprête à quitter la ville, je pars finalement avec Aurélien et Isabelle (toujours les mêmes) pour une dernière journée de marche afin de découvrir un nouveau point de vue sur le Fitz Roy.

Cela a donné l’occasion aux filles de jouer avec leurs copines avant de repartir. La plupart des familles rencontrées ou retrouvées sur place vont rester pour Noël. De notre côté, nous repartons vers le nord car nous avons encore un programme chargé et il nous faut commencer à surveiller le calendrier avant notre départ pour l’Océanie fin janvier.

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12 commentaires sur “Torres del Paine, Perito Moreno, El Chalten : merveilles de Patagonie (7 – 20 décembre)

  1. Merci pour ces photos fantastiques et votre récit toujours passionnant ! Joyeux Noël au bout du monde ! Et mes prières qui vous accompagnent… Bises.

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  2. Deseo una muy feliz Navidad a toda vuestra pequeña familia: ¡en la misa de esta tarde tendremos un pensamiento especial para todos vosotros y para todas al fin del mundo!

    Merci pour ces merveilleuses photos de cet endroit béni des dieux…

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  3. Très beau récit et très très belles photos ! Incroyable la couleur de ces glaciers et incroyable coïncidence de retrouver des Isséens à 13 172 km de là qui ont habité « chez nous » il y a qq années… que le monde est petit ! Avez-vous pu mettre un sapin dans le CC ? Joyeux Noël !!

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  4. super le Puma et surprenant ce Chili qui se révolte (en Août; j’avais indiqué a ma société que c’était le pays le plus sur et prometteur d Amérique du sud et qui-il fallait y investir…) . Bon Noel a tous de Normandie. Le mariage se prépare activement et vous nous manquerez. Louis

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  5. Merci pour vos merveilleuses photos et pour votre récit toujours aussi passionnant !
    Je vous souhaite une très bonne année 2020!
    Bonne continuation pour vos aventures et toutes vos découvertes!
    Grosses bises Nadine

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