Samedi 28 septembre, nous ne faisons pas d’école afin d’avancer. Guillaume et Camille sortent juste 10 minutes, le temps de remplir le réservoir d’eau et de se faire attaquer par une nuée de sand flies enragées qui ont largement le temps de les piquer.
On passe la rivière du Bermejo qui est la frontière naturelle entre la Bolivie et l’Argentine. Le début du pont est peint aux couleurs du drapeau bolivien et la fin du pont à celles de l’Argentine.
Les formalités se passent sans encombre, malgré les 4 bureaux (immigration + douane x 2 pays). Le contraste avec la Bolivie est déjà saisissant : un bon quart des argentins dans cette région sont franchement obèses, la majorité a la peau claire comme des européens, et déjà les routes sont beaucoup plus propres. Autre différence de taille, leur accent est beaucoup plus prononcé et j’ai du mal à les comprendre !
Nous faisons route vers Humahuaca où nous devons rejoindre la famille Prévot avec qui nous étions allés au salar d’Uyuni. Eux arrivent du Chili. Nous les retrouvons le lendemain, les filles sont heureuses de se revoir et de profiter ensemble de l’immense aire de jeux de la ville.
Les deux Guillaume vont réserver un véhicule pour que l’on puisse se rendre le lendemain en haut de la montagne, afin de préserver nos camping-cars. Ça monte sec pendant 29km sur une piste de ripio (sorte de tôle ondulée), le 4×4 sera plus approprié.
Le lundi matin, après une heure de piste en lacets, nous voici à 4350m. Tout le monde le supporte sans problème, car même si nous n’avions pas connu une telle altitude depuis un moment, nous sommes visiblement encore acclimatés. La vue sur la montagne aux 14 couleurs est impressionnante ! Il s’agit d’une série de petits sommets pointus, dont les strates sont bien visibles et effectivement très colorées. Les formes des sommets sont très régulières, comme une jupe plissée.
J’en profite pour faire une petite leçon sur la tectonique des plaques, pas sûre qu’il en reste grand-chose… Nous faisons une petite balade pour nous rapprocher un peu, et pique-niquons tous les neuf face à ce panorama grandiose. Quelques photos, et nous devons déjà rentrer.
Notre chauffeur nous attend et nous devons remonter la colline. A cette altitude, on prend notre temps. Des touristes locaux nous conseillent de monter à reculons, mais ce n’est pas très probant !
Une fois le camping-car récupéré, nous partons directement en direction de Salta. Nous avons hésité à poursuivre vers les Salinas Grandes, un beau salar du coin, mais avons finalement préféré passer un jour de plus avec les copains ! Ce désert de sel ne peut pas égaler celui d’Uyuni, donc sans regret !
La route jusqu’à Salta est très belle, avec des concrétions rocheuses magnifiques.
Nous avons dans notre CC Olivia et sa copine Lila, pendant que les grandes sont dans l’autre CC. On passe le tropique du Capricorne et on arrive à Salta dans la soirée.
Finalement, après moults hésitations sur le lieu où nous dormirons, et un MacDo qui ravira petits et grands, nous allons au camping municipal. Pour 3,50€ la nuit à nous 5, ce n’est pas la ruine !
Ce camping est clairement défraîchi. On y croise tout type de gens : des marginaux qui vivent dans des tentes rapiécées avec leur chien, des locaux en weekend, des voyageurs européens, et, comme souvent, des familles françaises avec enfants. Nous croiserons par exemple, Katy et David, qui voyagent à vélo pour un an avec leurs fils de 9 et 7 ans, Lino et Etienne. Avec le chaud, le froid et les montagnes, ils prennent régulièrement le bus, mais nous admirons quand même leur courage ! Et profitons du confort 5 étoiles de notre camping-car !
La piscine du camping n’est pas remplie en cette saison, mais elle est absolument IMMENSE (150m x 50m !). Elle servira d’aire de jeux aux filles.
Le lendemain, mardi 1er octobre, après une matinée d’école, nous partons visiter la ville avec les Prévot. Nous commençons par nous rendre au musée de la Alta Montaña. Situé dans un bel immeuble sur la place principale, ce petit musée permet d’en savoir un peu plus sur les sacrifices d’enfants à l’époque des Incas. En effet, en 1999, une équipe de chercheurs a trouvé 3 momies d’enfants en haut d’un volcan à 6300m d’altitude. Les enfants sacrifiés étaient choisis en fonction de leur beauté, leur rang social, leur bonne santé (pour être capable de monter pendant des jours jusqu’à là-haut), leurs talents musicaux (pour chanter pendant tout le voyage). Une fois arrivés au sommet, on les endormait avec un alcool fort et le froid faisait le reste…! Ils ont 500 ans et sont pourtant parfaitement conservés, on dirait qu’ils dorment ! À part Olivia qui trouve ça triste, les filles ne sont pas spécialement choquées, et très intéressées !
Ensuite, nous faisons un tour rapide de la ville : la cathédrale (seulement la façade car elle est fermée), l’église San Francisco, et un bon glacier.
Puis il est temps de rentrer au camping et de dire au revoir aux Prévot qui partent directement vers le Sud. Nous ne savons pas encore si nous les reverrons.
Quelques différences observées ici lors de ces premiers jours en Argentine. D’abord, alors que les fumeurs étaient rares pendant tout le début de notre périple, ils sont nettement plus visibles ici. Les buveurs aussi sont très nombreux, mais ils s’agit de buveurs de maté. Alors qu’en Bolivie, le maté nous semblait englober tout type d’infusions, ici il est fait à partir des feuilles de yerba mate, aux vertus stimulantes. Les gens en boivent à longueur de journée, en gardant à la main leur calebasse et leur paille filtrante, la « bombilla ».
Le lendemain, c’est une journée utile mais sans grand intérêt : école, et différentes missions dans la ville. Il nous faut réparer le trou dans la carrosserie, remplir nos bonbonnes de gaz péruviennes, et faire réparer les lanternes. Nous découvrons les « panchuques », sortent de petites gaufres fourrées à la saucisse dans leur version salée, et au Kinder Maxi dans leur version sucrée. C’est bon et ça nous fera office de déjeuner !
En fin d’après-midi, pendant que Guillaume retourne chercher les bonbonnes de gaz, j’emmène les filles en haut d’une colline qui surplombe la ville. La montée est sportive, mais Camille et Rosalie la font au pas de course, en coupant par tous les raccourcis ! Olivia et moi empruntons le sentier pavé, ce qui est l’occasion d’un petit cours de catéchisme, car il est ponctué des stations du chemin de croix du Vendredi Saint !
Une fois en haut, nous avons une jolie vue sur les montagnes environnantes et la ville, avec ses clochers et ses rues rectilignes. Nous achetons un saucisson de lama sur un stand de souvenirs. Nous ne pouvons quand même pas quitter les Andes sans avoir goûté cette viande !
Et, cerise sur la gâteau, nous redescendons en télécabine, comme à La Paz ! Guillaume nous attend en bas.
Le lendemain, nous quittons la ville pour descendre vers le Sud en direction de Cafayate. Nous ne ferons pas la boucle touristique complète (et donc pas toute la route des vins), et nous contenterons de celle sur la route asphaltée. Nous goûtons dans un petit village, encore et toujours sur une aire de jeux. Autour de nous : des perroquets, des cowboys qui passent à cheval et quelques enfants avec qui nous échangeons quelques mots.
Puis nous reprenons la route et longeons la Quebrada de la Conchas, une très jolie chaîne de montagnes.
Le premier jour, nous allons voir la Garganta del diablo, sorte de gouffre assez impressionnant. Nous arrivons quand les derniers touristes partent et nous retrouvons seuls entourés par ces falaises.
Elles me rappellent légèrement le défilé de Petra en Jordanie, où nous étions allés il y a 20 ans en famille, sans la foule, et sans le Trésor au bout. Il faut escalader une montagne sacrément penchée pour arriver au pied de la falaise. Les filles ne sont pas prudentes, mais s’en sortent très bien. Nous sommes impressionnés par Olivia qui n’a peur de rien, mais que nous empêchons néanmoins d’aller plus loin.
Le soir, nous dormons en pleine nature, devant Los Estratos (les strates).
Le lendemain, après l’école, nous allons faire une petite randonnée dans ce paysage improbable. Toutes les montagnes sont différentes : certaines sont colorées comme à Humahuaca, d’autres creusées par l’eau comme la veille, d’autres encore rappellent Monument Valley aux Etats-Unis.
Les filles ramassent des cailloux légèrement brillants qu’elles espèrent vendre. Quand et à qui ? Telle est la question !
Après cette belle promenade, nous déjeunons dans un petit restau qui propose des empanadas. Contre toute attente, tout le monde adore ça et on en recommande ! En plus, il y a trois lamas et un perroquet, donc les filles sont ravies.
Au moment de repartir, nous voyons des condors ! Cette fois-ci, tout le monde en profite, pas de jaloux !
Puis la balade continue, nous passons sans nous arrêter devant un rocher en forme de crapaud, et montons la colline des 3 Croix pour profiter d’un beau point de vue sur la vallée. Nous rencontrons un groupe de 4 français (un couple de basques, une prof parisienne, un solitaire) avec qui nous papotons un bon moment.
Enfin, c’est notre dernière étape dans la Quebrada, appelée l’Amphitéâtre. Ça rappelle beaucoup la Gorge du Diable, sans la partie escalade périlleuse.
Puis il est temps de rentrer à Salta où nous retrouvons notre camping pour passer la nuit.
Le lendemain, samedi 5 octobre, nous mettons le cap plein est. En effet, on a rendez-vous aux chutes d’Iguazu avec toute ma famille le samedi 19 octobre pour les vacances de La Toussaint ! L’excitation monte de plus à plus à bord depuis au moins deux semaines déjà. Nous avons 1500km devant nous, de route plus ou mois bonne, aux étapes plus ou moins intéressantes.
Nous commençons par une route nationale pendant près de 600 km. Elle est absolument rectiligne et le paysage tout à fait monotone. Tout est plat, plutôt vert et bordé de petits arbres. On ne croise évidemment plus le moindre lama, mais toujours des chiens, des moutons et des cochons. On voit aussi des perroquets, de nombreux faucons, des chèvres, des vaches, et, chose nouvelle, beaucoup de chevaux ! Sur le côté de la route, il y a régulièrement des cadavres de vaches qui nous laissent un peu interdits.
Les petites chapelles mortuaires le long des routes ont laissé la place à des mausolées drapés de rouges, en l’honneur de Gauchito Antonio Gil.
Il s’agit d’un gaucho ayant vécu au 19ème siècle, comparé ici à Robin des Bois. Selon la légende, il volait le bétail des riches pour le distribuer aux plus pauvres. Le jour de sa pendaison, il dit à son bourreau de le prier, afin de sauver son fils mourrant. Qui bien sûr guérit !
Notre objectif étant d’avancer, nous vivons, comme nous l’a fait remarquer Camille, une vie de routier. Pendant quatre jours, nous dormons dans des stations-services, afin de profiter du Wifi et parfois de leurs infrastructures, sans s’éloigner de la route.
En voiture, les épisodes de Tom Sawyer ont succédé aux Cités d’Or, et le grandes ont de nouvelles occupations : bracelets brésiliens et crapette rapide !
À la fin de cette longue route et avant de bifurquer vers le nord, nous expérimentons pour la première fois un contrôle par des policiers véreux ! Cela est légion dans toute l’Amérique du Sud, donc nous savons comment réagir. Ils vérifient bien sûr les papiers du véhicule, puis l’extincteur et la trousse à pharmacie. Jusque là, tout va bien. Ensuite ils râlent car on n’a pas les bandes réfléchissantes et l’autocollant de limitation de vitesse. C’est vrai, mais on nous a dit que cette obligation ne s’appliquait pas aux véhicules étrangers. Pour finir, ils réclament 1000 pesos (environ 20€) car ils auraient vu les filles sauter à l’intérieur du camping-car ! C’est n’importe quoi, elles étaient toutes les trois attachées. Guillaume leur demande leurs noms, il dit qu’il ne payera pas et souhaite aller au poste pour contester. Ils essaient de l’intimider en lui disant que cela va engendrer une procédure devant un juge…! Ce n’est pas grave, répond Guillaume, sûr de lui. Voyant qu’ils n’auraient pas le dernier mot, les deux policiers nous ont finalement laissé passer, nous assurant qu’on allait au devant de nouveaux problèmes. Prédiction évidemment et heureusement fausse… Merci Guillaume et son calme olympien !
La dernière ligne droite avant la frontière du Paraguay nous permet d’observer de nouveaux paysages : marais, zones brûlées ou petits incendies (volontaires ou non, nous n’en savons rien, mais ils semblent maîtrisés), plantations de palmiers, bétail paissant dans des prés d’herbe haute… Les panneaux nous indiquent que nous pouvons croiser des fourmillers ! Nous n’en verrons pas, mais Guillaume apercevra un grand iguane qui longe la route.
Après ce premier aperçu et en attendant de retrouver l’Argentine du côté d’Iguazu nous nous dirigeons vers Ascuncion, capitale du Paraguay. Nous traverserons le sud du pays en nous dirigeant vers l’est.
Super récit! Hâte de vous retrouver ….
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Au cas où on connaît un loueur de moto très sympa à Salta 😉 Et on a un village perdu avec hôtel à recommander! Profitez bien du Malbec!!!!!!!
Envoyé de mon iPhone
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Lire et relire, (…avec une carte sous les yeux…) quelle joie! Merci pour ce partage magnifique
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choquant ces images d’enfants sacrifiés. je censure !
on attends la suite et les retrouvailles familiales, maintenant élargies aux cousins d’Amérique (Descendants d’Hector de Bourgoing, fameux joueur de foot argentin de Bordeaux, gloire familiale qui m’avait valu une bonne note a un oral en 1975!).
Louis (de Bourgoing)
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