Le grand ouest bolivien (6 – 16 septembre)

Le 6 septembre, nous quittons La Paz. Il neigeote et le ciel est couvert, nous empêchant de voir les magnifiques sommets enneigés qui entourent la ville. Heureusement que nous avons pu les apercevoir en arrivant l’avant-veille !

Les faubourgs de la ville ne sont vraiment pas gais. Comme toujours, ils sont encombrés d’ateliers mécaniques, de marchés, de minibus (les taxis collectivos), de déchets… Les contre-allées en terre, complètement inondées, sont traversées sans scrupule par les femmes en tenue traditionnelle, les cholitas.

Nous roulons vers le sud-ouest, en direction d’un parc national. Les maisons sont en briques ou en adobe, ces grosses briques d’herbe et de terre. Les plus grandes ne sont pas finies, les plus petites nous semblent minuscules, une douzaine de m2, et beaucoup sont en ruines et abandonnées. Il semblerait que comme l’adobe n’est pas pas bien solide, les maisons ne tiennent pas longtemps et ne sont pas réparées…! Comme partout en Bolivie, les toits sont en tôle ondulée. C’était le cas également à La Paz, même sur les grands immeubles que l’on a survolés en télécabine !
En nous enfonçant dans la campagne reculée, nous croisons plusieurs chullpas, des tours qui datent de l’époque pré-inca et qui renfermaient des tombes.

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Pendant le trajet, nous essuyions plusieurs averses de grêle, aux grêlons impressionnants !

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Preuve s’il en faut des températures très fraîches, ils tiendront une bonne partie de la journée dans les creux du relief. Les paysages, sauvages et désertiques, sont magnifiques, et nous croisons de nombreux troupeaux de lamas. À part quand ils ont des pompons aux oreilles, nous ne savons jamais très bien s’ils sont sauvages ou domestiqués.


En fin de journée, nous pénétrons dans le parc naturel de Sajama, du nom du volcan éponyme. Il s’agit d’un des trois plus hauts sommets de Bolivie. C’est un strato-volcan, qui n’est plus en activité et culmine à plus de 6000m, d’où son sommet éternellement enneigé.

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Nous dormons au bout d’une piste, après deux passages de (petites) rivières en camping-car.

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Nous sommes seuls, aux abords de ce qu’ils appellent ici un peu pompeusement les « geysers ». Il s’agit en fait de sources très chaudes qui dégagent une forte vapeur poussée par le vent. D’après nos infos, certains voyageurs cuisent leurs œufs directement dans les bassins, mais nous n’avons pas essayé.

Le lendemain, nous allons explorer les environs. Les bassins sont plus ou moins profonds, plus ou moins chauds, plus ou moins boueux ! Juste avant le déjeuner, les filles font trempette dans la rivière, qui est à pratiquement 40 degrés.

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Nous prenons la suite de boliviens qui étaient venus laver leur linge puis se baigner. Quand elles ressortent, il commence à neiger ! Toujours aussi frileuse, je ne regrette pas de ne pas avoir tenté l’expérience ! Premier ensablement au moment de partir, facilement réglé par Guillaume, puis nous quittons les lieux afin d’éviter que les rivières traversées la veille ne grossissent trop… Nous passons l’après-midi sur la place d’un village du bout du monde à faire l’école. Dehors il neige, mais les habitants se réunissent en costumes de fête pour des remises de trophées après des rencontres de foot.

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Pendant ce temps, Guillaume cherche péniblement un café où s’abriter avec Olivia. Il en trouvera un, pas chauffé bien sûr ! Il découvrira aussi une nouvelle technique pour faire sécher la viande de lama : sur un fil à linge, recouverte de cellophane !

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Nous repartons sous le soleil couchant et dormons à la sortie du parc, au pied du volcan enneigé.

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Le lendemain, après l’école, nous prévoyons de beaucoup rouler, car nous avons rendez-vous d’ici deux jours à Uyuni avec une autre famille française, rencontrée via les forums de voyageurs. Nous prenons des personnes en stop toute la journée ! D’abord deux collégiennes qui rentrent de cours. Elles parcourent une quinzaine de kilomètres avec nous, on espère qu’elles ne font pas ce trajet à pied habituellement ! Nous prenons ensuite une famille : la grand-mère, la mère et le fils, et ensuite un groupe de six ! En nous arrêtant, ils nous avaient dit qu’ils n’étaient que 2-3, mais finalement toute la famille monte ! C’est à ce moment-là, que nous sommes arrêtés à un barrage et qu’un militaire souhaite monter à bord ! Mais tout ce monde debout dans le véhicule ne semble gêner personne, alors on peut reprendre la route. Nous aurons bien roulé, malgré une bonne partie de la route en terre et à nouveau des averses de grêle. Camille adore prendre des stoppeurs, même si les échanges sont limités, ça change du quotidien et apaise un peu les filles.

Le lendemain, nous atteignons la ville d’Oruro, dont les faubourgs sont sordides, on dirait un bidonville.

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Le centre-ville est plus agréable, nous en profitons pour faire un plein de courses avant notre expédition dans le salar. Le soir, après à nouveau une bonne route, nous dormons aux abords du salar que nous découvrirons le matin car nous sommes arrivés de nuit. Le 10 septembre est consacré aux préparatifs, qui sont compliqués dans cette petite ville.

  • Rechercher une station service labellisée afin de ne pas remplir le réservoir de mauvais diesel, ne pas en trouver, faire le plein dans une station locale en croisant les doigts…
  • Remplir le réservoir d’eau dans cette même station, se rendre compte que leur robinet ne fonctionne pas, tester les vases communicants avec une barrique d’eau et le tuyau, boire un peu la tasse au passage, renoncer.
  • Finalement aller au marché dans lequel il y a deux robinets, mais tout au centre du bâtiment donc trop loin pour notre tuyau, acheter deux bidons de 15L et faire des allers-retours jusqu’à remplir la cuve avec un entonnoir de fortune découpé dans une bouteille ;
  • Aller dans une centre de lavage auto pour qu’ils aspergent de l’huile sur le châssis afin de le protéger (un peu) du sel du salar après l’avoir nettoyé de la terre de Sajama.

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Après toutes ces étapes, nous sommes fin prêts pour aller rencontrer la famille Prévot avec qui nous allons découvrir le salar. Le lendemain, des blocages monstres sont prévus par des grévistes. La sortie de la ville sera impossible, nous avons donc rendez-vous devant un hôtel de sel à l’extérieur de la ville et aux portes du salar. Amandine et Guillaume (encore un !) ont deux filles : Loïs (5 ans) et Lila (3 ans). Ils voyagent depuis 15 mois depuis le Canada. Les filles font connaissance devant des dessins animés dans leur camping-car et nous devant une bouteille de vin dans le nôtre.

Jour 1 dans le salar
Le lendemain, pas d’école, nous partons à 10h pour le salar. Avant le départ, les filles ont le temps d’aller se balader dans l’hôtel et vérifierons par elles mêmes que les murs sont bien en sel !

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En cette saison, le sol est sec presque partout et les pistes sont plus ou moins tracées. Grâce aux blocages, nous ne croiserons pas grand monde. Le sol est presque toujours décoré de ces fameux octogones, qui se forment naturellement avec l’eau et le vent, parfois en relief mais le plus souvent en creux.

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Le sel est moins blanc que ce que j’imaginais. En fait, il n’est immaculé qu’au beau milieu du salar, car dès que nous sommes près des petites îles, il est recouvert d’une fine couche de poussière ou de sable. Néanmoins, cela reste très éblouissant !

Nous voyons des sources, puis deux monuments taillés dans des blocs de sel : un escalier intitulé « Highway to heaven », et la sculpture du Paris-Dakar puisque la route passe par là depuis quelques années.

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Nous nous arrêtons sur l’île des Pescados, recouverte de cactus géants. Certains mesurent près de 10 mètres, tout en ne poussant que de 1mm par an. Faites le calcul ! Le soir, nous nous arrêtons à l’abri d’une petite île que nous entreprenons immédiatement d’escalader. Le sol est glissant et les rochers sont recouverts de corail (qui date de l’époque où le salar était un lac salé) qui est très très coupant ! Attention les doigts ! Une fois redescendus, les deux Guillaume préparent un feu à partir des rares buissons secs et d’un cactus trouvé par terre. La flambée est magnifique mais ne durera pas longtemps !

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Jour 2 dans le salar
Petit programme aujourd’hui afin de bien profiter du salar. Les petites jouent avec le sel comme elles le feraient à la plage.

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Camille prend ce monde en main et organise des jeux. Puis nous nous essayons aux traditionnelles photos qui jouent avec la perspective. Ce n’est pas si simple…

 

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Après le déjeuner en plein air, Rosalie essaie le vélo de Loïs, il est un peu petit pour elle mais les photos sont amusantes.

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L’après-midi on se balade en CC pour voir une autre île. Nous étions supposés y voir des vizcachas mais nous avons dû être trop bruyants car nous n’avons vu que leurs terriers …

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Comme promis, je prends le volant pour la première fois ! Une fois réhabituée à une boîte manuelle, je ne trouve pas ça grisant du tout de conduire cet engin. En plus, la route est sacrément monotone alors je ne sais pas si je réitérerai l’expérience souvent…DSC_1712

Quant aux filles, elles échangent de camping-car régulièrement, mais la plupart du temps les deux petites de 3 ans sont dans l’un et les trois autres dans l’autre. C’est amusant de voir Olivia interagir avec une petite fille de son âge car après tout, n’ayant jamais été en collectivité, nous ne sommes pas habitués à la voir avec des copines. Le soir, nous nous dirigeons vers le volcan Tunupa et photographions des flamants roses dans un zone inondée.

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Jour 3 dans le salar
Cette journée est principalement consacrée à l’ascension du volcan. Dans le village à son pied, la vendeuse de tickets nous conseille d’aller au parking du haut afin d’éviter une marche éprouvante aux enfants. D’après elle, la route est praticable en camping-car… Après de nombreux lacets sur une route de sable et de pierres qui monte sec, cela ne se révèle pas tout à fait exact ! Après une marche arrière et deux demi-tours compliqués, nous laissons les CC sur le bas-côté et finissons à pied. Nous commençons par visiter avec un guide une petite grotte contenant des momies vieilles de 800 ans ! Elles ont encore leurs cheveux, leur peau et leurs vêtements !

Puis nous escaladons les flans du volcan jusqu’à un mirador d’où on peut voir son cratère et le salar, malheureusement sous la grisaille après deux jours de beau temps…

 


L’après-midi, nous nous redirigeons vers Uyuni. Nous décidons de nous garer à nouveau devant l’hôtel de sel, qui est magnifique et nous permet de profiter de sa salle de jeux, de ses lamas, de sa chapelle (pour Rosalie), de son tuyau d’arrosage afin de remplir le réservoir, etc. De plus, nous apprenons que les blocages ne sont pas terminés et deviennent violents (jets de pierres si on essaie de passer en force, etc.). Nous aviserons demain, la nuit porte conseil.Le lendemain, contre toute attente, les blocages ont été levés ! Il est donc temps pour nous de dire au revoir à la famille Prévôt, qui repart vers Sajama d’où nous venons. Nos routes se recroiseront peut-être… De notre côté, nous allons faire laver le châssis du CC de tout son sel en ville, ce qui est bénéfique, car notre chauffage se remet à fonctionner et le sifflement strident qui sonnait dans le moteur s’arrête comme par magie ! 

Le lendemain, nous partons en excursion dans un autre parc naturel bolivien, le Sud Lipez, situé à l’extrême sud-ouest, à la frontière avec le Chili. Nous n’avions pas entendu parler de ce parc avant de partir et pourtant tous les voyageurs rencontrés ici ne tarissent pas d’éloges à son sujet. Il est nettement moins connu qu’Atacama, juste de l’autre côté de la frontière côté Chili, mais les paysages y sont tout aussi époustouflants. Avant de partir, nos amis asniérois nous avaient offert une cagnotte pour une activité en famille, un petit extra. C’est décidé, ces deux jours clé en main seront ce petit extra !

Nous laissons le CC dans un parking surveillé et embarquons dans un 4×4 pas tout jeune avec notre chauffeur Gustavo et un couple d’Hollandais (Micha et Manon). Nous avons vraiment l’impression d’être au bout du monde, voire sur la Lune. La piste circule entre des montagnes enneigées, des concrétions rocheuses étonnantes et des lacs d’altitude.

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Après un déjeuner dans un troquet rempli d’occidentaux (nous devons être les plus vieux) à qui chaque chauffeur fournit un déjeuner simple, nous voilà repartis en direction des lagunes. Nous nous étions émerveillés au premier flamant rose aperçu, mais finalement ce sont des centaines d’entre eux que nous admirons à chaque arrêt !

 

Les filles ramassent leurs plumes colorées ou s’amusent à les effrayer afin qu’on photographie leur vol ! Nous croisons également des lamas, des vigognes quand nous montons encore plus haut, et deux renards très agressifs !

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Les sommets sont encore partiellement enneigés, mais d’après Gustavo, ils étaient encore tout blancs deux mois plus tôt. Nous croisons encore pas mal de creux enneigés et faisons une pause photo dans l’un d’entre eux.

Olivia avait quelques rêves en commençant son tour du monde : voir de la neige (ça, c’est fait), des girafes (c’est mal parti, peut-être au zoo de Sydney), des kangourous (patience, patience…), et des renards ! Deux rêves cochés sur quatre en l’espace de 15 minutes, ça valait le coup !

La dernière étape de la journée est un nouveau lac, la « laguna Colorada », qui doit son nom à la couleur franchement rose de ses eaux, couleur donnée par des algues. Le lac est bordé de minéraux blancs, mais ce n’est pas du sel cette fois-ci.

Le soleil se couche, les photos ne rendront pas justice à ce lieu magique.

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Nous arrivons en fin d’après-midi à l’hôtel. Rosalie se réjouissait de changer un peu du camping-car. L’hébergement est sommaire : tous les 7, avec nos amis hollandais, dans la même chambre, pas de douche et pas de chauffage. La soirée est glaciale ! Nous dînons tous avec toutes nos épaisseurs, ou alors en manteau, et nous couchons juste après, tout habillés et en claquant des dents ! Finalement la nuit sera bonne, c’est la première fois qu’Olivia ne se réveille pas à cause du froid ou d’un cauchemar ! Peut-être qu’elle n’en a pas eu le temps, car on se lève à 4h30 !!

Le programme est chargé et commence par des geysers sous le soleil levant. Ce sont à nouveau des sources chaudes mais le souffle de celles-ci étant plus puissant, le terme est cette fois-ci moins exagéré. L’odeur de soufre est très forte, et même toxique paraît-il, c’est pourquoi notre guide nous conseille de ne pas nous attarder.

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Arrêt technique peu de temps après, à cause d’un problème de liquide de frein qui coule de la roue arrière gauche. Gustavo démonte le tout par une température glaciale et demande au pauvre Guillaume de sortir de la voiture car son siège est juste dessus. Quant il remonte à bord, il est proche de la congélation !

Une fois ce problème résolu, nous roulons vers des sources chaudes (encore !), dans un paysage assez incroyable. Devant la piscine fumante, un lac partiellement gelé dans lequel marchent des flamands roses qui ne craignent visiblement pas le froid ! Après quelques hésitations, les trois filles se décident à y plonger (contrairement à nous qui n’avons pas nos maillots). Doucement néanmoins car c’est très très chaud.

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Je lance des glaçons dans l’eau, ramassés au bord du lac, afin d’amuser les filles, mais ceux-ci fondent à la vitesse de l’éclair. Nous ne regrettons pas notre problème technique car tous les touristes viennent de partir et nous profitons de la piscine et de la vue pour nous tout seuls ! La journée a déjà été bien remplie et il n’est pas encore 9h !

Nous reprenons ensuite la route en continuant à monter en altitude. Au plus haut point, nous sommes à 4770m, quasiment aussi haut que le Mont Blanc, mais nous devons être bien acclimatés car personne n’en ressent les effets.

Nous nous dirigeons vers la laguna blanca, riche en calcaire, puis enfin la laguna negra, aux eaux sombres habitées par les poules d’eau et bordées de falaises. Aux alentours nous croisons comme d’habitude de nombreux lamas et une vizcacha, ça faisait longtemps ! Je pense aussi avoir vu un groupe d’émeus, ce qui est fréquent dans la région, mais comme tout le monde somnolait à bord, je n’en suis pas sûre…!

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Nous avons encore trois heures de route pour rentrer à Uyuni, ce qui ne nous laisse pas le temps d’aller à la Laguna Verde, nous ne savons pas si c’est à cause du retard pris avec la réparation de la roue, ou parce que nos coéquipiers doivent partir dans le salar le soir-même. De toute manière, nous sommes ravis de cette escapade, nous en avons pris littéralement plein les yeux ! Nous rentrons fatigués et couverts de poussière de la tête aux pieds ! Une crêpe dans un restau et nous retrouvons notre camping-car qui nous attend bien sagement.

3 commentaires sur “Le grand ouest bolivien (6 – 16 septembre)

  1. Quelles magnifiques photos !! Margaux s’est jetée sur l’article ce matin… et elle était ravie de commencer à 9h30 pour avoir le temps de tout lire !!! Très bonne continuation !!! Bises à tous les 5 !!

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  2. Merci Marguerite pour ce récit et…bravo pour avoir pris le volant (…ouf…il était temps après déjà 2 mois…!!!). Un peu inquiète pour être franche de la trempette des filles là où le linge a été lavé, même si les bassins étaient peu profonds et chauds… J’espère que tu les crèmes bien! Heureuse pour vous de voir que le CC malgré sa saleté (extérieure) a bien résisté à la grêle, au sel, à l’altitude. Il semble plus solide que les maisons en adobe dont tu parles. Vivement la suite!

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