A l’assaut des Andes ! (13 – 17 août)

Nous quittons Nazca vers midi en direction de Cusco. Notre changement d’itinéraire nous fait gagner beaucoup de temps puisque nettement plus direct ; nous prévoyons donc de parcourir les 610 km qui nous séparent de Cusco en trois à cinq jours.

Dès la sortie de Nazca la route s’élève en lacets sinueux pour atteindre un premier haut plateau à près de 4000m.

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Le paysage est sublime ; la route tourne interminablement et nous laisse découvrir à chaque virage un panorama magnifique sur ce que l’on appellerait en France « la vallée » mais qui doit se situer à 3000m environ.

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Le véhicule tient le coup et nous progressons lentement entre les camions qui peinent dans les virages. Il n’y a pas beaucoup de véhicules sur la route. Quelques cars et minibus touristiques, quelques particuliers et des camions.

Camille nous demande quelles sont toutes ces « niches » sur le côté de la route. Ce sont bien sûr des chapelles en mémoire des personnes qui ont perdu la vie dans un accident, comme on peut en voir dans les pays méditerranéens. Malheureusement, elles sont innombrables…!

L’une des raisons pour lesquelles nous n’avions pas choisi cet itinéraire initialement tient au fait que la montée est assez raide et que nous prenons le risque de ne pas pouvoir nous acclimater suffisamment à l’altitude.

Effectivement nous ressentons quelques maux de tête en fin de journée, plus prononcés chez les filles qui sont un peu KO.

Nous apercevons des vigognes, cousines protégées des lamas, et de nombreux alpagas, également de la même famille.

Nous passons la nuit dans un parking dans la petite ville de Puquio. Il fait naturellement assez frais à l’extérieur mais à cinq nous parvenons à garder une température ambiante correcte pour la nuit, avec 16 degrés au réveil.

Les femmes sont systématiquement en tenue traditionnelle, avec leur grandes jupes, leurs chapeaux et leurs besaces chamarées nouées dans le dos.

Le lendemain départ aux aurores, vers 5h30, pour couvrir les 140km qui nous séparent de la petite ville de Challuhanca. Les filles dorment, toujours un peu assommées par l’altitude et les virages incessants. Je profite d’une aire de stationnement pour sortir le drone. Malheureusement, il n’a pas fait 20 mètres qu’il descend en chute libre pour aller s’écraser une cinquantaine de mètres plus bas. Peut-être n’a-t-il pas supporté l’altitude ? Deux hélices sont abîmées et il ne démarre plus pour l’instant. Cette mésaventure finit de réveiller les filles, mais Marguerite me demande de redescendre un peu pour prendre le petit dej car le mal d’altitude, ou soroche, commence à les reprendre.

Au bout de 90km, on remarque que le véhicule dégage une fumée blanche importante et j’ai de plus en plus de mal à accélérer, tant et si bien que quelques lacets plus tard l’accélérateur ne répond plus du tout. Nous sommes en descente ce qui nous permet de poursuivre au frein moteur jusqu’à croiser un espace dégagé pour s’arrêter, au beau milieu de quelques maisonnettes en pierre et couvertes de chaume.

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Il est 8h du matin, nous nous trouvons à 4000 m d’altitude, à 50km du premier village, et je dois avouer que j’ai quelques minutes disons d’hésitation sur la suite de la journée…

Mais la chance nous sourit : au bout d’une vingtaine de minutes, un véhicule d’entretien des routes nous passe devant. Ils disposent d’une dépanneuse à une trentaine de km de là !

Peu de passage sur la route à cette heure… Le temps pour nous d’observer une technique culinaire consistant à faire sécher de la viande d’alpaga directement sur la tôle du toit. La viande séchée est ensuite vendue aux camionneurs de passage.

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Au bout d’une heure, un van immatriculé en Argentine s’arrête pour nous aider. A l’intérieur, un couple de retraités argentins adorables. Jose farfouille dans le moteur, démonte un filtre, m’explique qu’on a probablement fait le plein de diesel coupé, et qu’avec l’altitude cela a suffi à perturber tout le système d’injection.

Alors qu’il tente encore de trouver une solution, la dépanneuse arrive. Nous les remercions chaleureusement et ils se préparent à reprendre la route. Le temps d’échanger quelques mots avec le chauffeur de la dépanneuse, nous comprenons qu’il n’y a qu’une seule place, et qu’il nous sera impossible de rester dans le camping-car. Je cours en direction du van des argentins qui acceptent volontiers d’embarquer Marguerite et les filles dont au moins deux encore en pyjama. Ouf, un problème de moins !

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C’est parti pour 50km en dépanneuse. J’appréhende les cahots de la route parce qu’avec l’inclinaison je crains que le robinet d’évacuation ne soit endommagé, mais finalement tout se passe bien. En chemin nous croisons un poids lourd dans le fossé ; le chauffeur a eu de la chance, le même accident dans un autre virage lui aurait été fatal.

Arrivés à Challuhanca, nous nous retrouvons tous dans une station service. Le temps de prendre une petite photo souvenir avec nos anges gardiens argentins et ils reprennent la route.

Jose

La dépanneuse nous dépose dans un atelier de confiance (il y a beaucoup d’arnaques en lien avec de faux problèmes mécaniques par ici).

Une petite rivière coule sous l’atelier : parfait pour occuper un peu les filles pendant la réparation. De mon côté je reste sur place puisque les clés donnent accès à tout le véhicule…

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Trois heures plus tard, le problème est réglé. De ce que l’on comprend, il s’agit bien d’un problème lié à l’altitude et à la raréfaction d’oxygène qui en découle. Pas forcément très rassurant au regard de ce qui nous attend, d’autant que l’on ne comprend pas bien s’il s’agit d’une réparation durable ou non. En l’absence de pièce changée et au regard du coût (moins de 20 euros), nous penchons plus pour la deuxième option. On verra bien !

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Vu l’heure, nous décidons de dormir sur place dans l’atelier pour prendre la route le lendemain matin, en direction d’Abancay. Il est déconseillé de séjourner dans cette ville sur le site du Ministère des Affaires étrangères, ce qui nous est d’ailleurs confirmé par plusieurs péruviens. Nous décidons donc de nous arrêter avant, ou après, en fonction de ce que l’on trouvera.

180km plus tard, et alors que le moteur recommence à faire des siennes après le passage d’un col en haute altitude, nous arrivons à Curahusasi « capitale mondiale de l’anis » semble-t-il.

Nous visons une petite école, Oye Lena, qui accueille des campeurs sur son terrain. Tenue par des belges et avec l’aide de volontaires, également belges pour la plupart, la structure accueille une dizaine d’enfants en situation de handicap le matin, et des maternelles l’après-midi. L’école vit uniquement de dons mais semble prospère, avec du personnel (cuisinier, jardiniers), des animaux (alpagas et chevaux), des salles de physiothérapie, kiné, aquathéapie, etc.

Les fondateurs ont délibérément choisi de mettre l’accent sur la scolarisation des filles car dans les zones rurales, peu sont scolarisées en maternelle et beaucoup arrêtent l’école vers 13 ans ; d’où un taux d’illettrisme de près de 25% chez les femmes adultes.

Sophie et Kim, le couple qui tient l’école, se sont installés ici en juin pour 6 mois avec leurs deux enfants de 4 et 8 ans. Ils sont très accueillants. Après ces journées de route et ce petit stress mécanique, on se sent très bien là-bas. A tel point que nous y restons finalement trois nuits. Cela permet à Marguerite de démarrer l’école avec les deux grandes, au calme. Nous prenons de l’avance par rapport aux copains car nous savons déjà que nous ne pourrons pas travailler tous les jours.

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Camille qui a déjà sa place qui l’attend au collège doit suivre le Cned. Nous avons opté pour le français et les maths. Tout est prévu et organisé par journée, il suffit de se laisser guider. Il faudra juste qu’on apprivoise toutes les données en ligne, ce qui demande une bonne connexion internet. Le français est un peu rébarbatif, très long, mais elle boucle les maths en dix minutes tous les jours. Nous ne commençons pas l’anglais pour l’instant pour ne pas l’embrouiller avec l’espagnol dont elle apprend quelques mots. Quant à Rosalie, elle découvre avec plaisir tous les fichiers que Marguerite lui a apportés et avance très vite.

En tout cas, elles sont toutes les deux très motivées, elles en redemandent, et voudraient si possible travailler tous les jours sans exception.

Nous reprenons également doucement la musique: un peu de solfège pour les deux, et flûte traversière pour Rosalie. Nous lui avions acheté dans cette optique une flûte en plastique idéale pour le voyage.

De mon côté, je me charge de la petite section. Au programme : peinture, gommettes et motricité !

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Nous pouvons en outre profiter des installations de la « cour de récréation » (une pelouse avec une vue à 180 degrés sur les Andes, dotée d’un trampoline, de hamacs et de toboggans).

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Le premier soir, alors que je sors du camping-car avec Camille, on voit un incendie à quelques centaines de mètres au-dessus de nous. Suffisamment loin pour ne pas paniquer mais suffisamment important pour avertir nos hôtes et surveiller son évolution. C’est un feu volontaire afin de débroussailler un terrain, mais en pleine saison sèche, nous ne sommes qu’à moitié sereins…

Le vendredi matin, les enseignants étant en réunion pédagogique, les enfants handicapés ne viennent pas à l’école. Dommage, nous aurions aimé pouvoir les rencontrer. L’après-midi, les filles sont invitées au grand jeu organisé avec les enfants : une sorte de Cluedo géant. Elles bénéficient des explications de l’un des volontaires qui parle français et sont totalement intégrées, y compris au détachement de police qui intervient…

Seul bémol de ce site magnifique : nous sommes littéralement dévorés par de minuscules mouches des sables. Nous nous grattons encore à l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs jours plus tard et comprenons mieux pourquoi tout le monde sur place était si couvert.

Nous quittons Curahuasi le dimanche matin tôt. Nous avions rendez vous à 7h30 chez un mécanicien qui avait dû oublier qu’il ne travaillait pas le dimanche puisqu’il n’est jamais venu.

A 8h15, nous décidons de partir pour Cusco. Il nous reste 120 km à parcourir et la route n’a pas l’air de trop monter. Nous longeons les gorges de l’Apurimac pendant quelques kilomètres. A nouveau le paysage est incroyable.

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Pour la troisième fois, une grosse fumée blanche se dégage du pot. La perte de puissance est moins sensible, ce qui permet de continuer en conduisant un peu en sur-régime. Il va vraiment falloir régler ça avant de prendre la route de la Bolivie.

Nous arrivons à Cusco en début d’après-midi. Guidés par Marguerite qui a déniché un parking à cinq minutes du centre historique, nous nous faufilons tant bien que mal dans les ruelles en pente, en privilégiant les axes principaux.

On y passera au moins une nuit et on avisera après. Nous avons quelques jours devant nous avant notre visite du Machu Picchu, prévue le 22.

4 commentaires sur “A l’assaut des Andes ! (13 – 17 août)

  1. Vos récits sont merveilleux et passionnants à suivre. Cela nous donne un  avant goût du Pérou.
    Bon courage à vous face à ces quelques « mésaventures »et bonne continuation.

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  2. J’espère que ces quelques problèmes mécaniques dus apparemment à l’altitude seront vite réglés: heureusement, sur ce continent, la solidarité et l’entraide ne sont pas de vains mots !
    Nous voyons que les filles ont débuté leur apprentissage, chacune selon un cursus adapté, sous l’oeil vigilant de leurs parents: c’est « génial » pour parler dans l’air du temps!
    Très prochainement, le calendrier fêtera Sainte Rose de Lima: nous lui confierons la protection de votre famille dans ce grand voyage. A cette occasion il y aura sûrement des fêtes dans les villes et villages.
    Wikipedia:  » Isabel Flores de Oliva en religion Rose de Lima (1586-1617), canonisée en 1671, est la première sainte du Nouveau Monde. Elle est fêtée le 30 août jusqu’en 1970, puis fêtée le 23 août, sauf au Pérou où elle est encore fêtée le 30″.
    Bonne route à vous tous et continuez à nous faire partager ces belles découvertes au travers de ces excellents récits.

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  3. Hello les aventuriers !
    Quel voyage fantastique, profitez-en à fond ! Bon courage pour les petites galères sur votre chemin que vous semblez gérer avec brio !
    On revient de Saint Jean de Luz nous, où l’on a passé une majorité de nos vacances, et où l’on a découvert plein de nouvelles choses que l’on vous montrera la prochaine fois que vous descendez dans le sud-ouest 😉
    Bises à tous les cinq, super votre système de blog pour que l’on puisse vous suivre !
    theDDfamily

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